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Les rédacteurs de mon dico (un vieux Larousse), se sont visiblement partagé les noms et adjectifs de couleurs, et ils ont quelques subtiles différences de style…
- naturaliste :
« VERT, E : adj 1.De la couleur des plantes à chlorophylle, située, dans le spectre solaire, entre le bleu et le jaune et d’une longueur d’onde moyenne de 500 nm. « De l’encre verte », « une herbe verte et drue »… »
« VERT : nm 1. Couleur verte. « un beau vert émeraude »… »
- mallarméen :
« BLEU, E : adj De la couleur du ciel sans nuages, de l’azur. lumière bleue : une des six couleurs principales visibles issues de la décomposition du spectre solaire et dont la longueur d’onde moyenne est de 460nm »
« BLEU : nm couleur bleue. « un ciel d’un bleu très pur » »
- technique :
« POURPRE : n.m 1. Dérivé bromé de l’indigo, d’un rouge foncé, tiré autrefois du murex… »
- style « etc. » :
« JAUNE : 1. Se dit de la couleur du citron, du souffre, etc., placée dans le spectre visible entre le vert et l’orangé. »
« JAUNE : nm couleur jaune »
« ROUGE : 1. de la couleur du sang, du coquelicot, etc. « fruits rouges », « des tissus rouge foncé », lumière rouge :lumière dont la composition spectrale se trouve entre l’orangé et l’infrarouge.[…] rouge : nm, couleur rouge »
- « absente de tout bouquet » :
« ROSE : qui a la couleur pourpre pâle de la rose commune »
On doit s’arracher les cheveux quand on s’occupe de ça :
On essaie de définir chaque couleur de manière absolue comme une propriété physique, ou on s’arrange pour les situer les unes par rapport aux autres en soulignant le découpage arbitraire opéré par les termes ?; on donne des exemples qui explorent la palette des nuances ou un seul qui suggère la dominante ?; on définit le nom par l’adjectif ou l’inverse ? – c’est l’étymologie qui a l’air de fournir l’ordre ; pourquoi donne-t-on la longueur d’onde pour « violet, ette : de la couleur de la violette » et pas pour « orangé,e : de la couleur de l’orange » ?; le lexique spécialisé doit-il subir un traitement différent ?
Combien de lexicographes excédés, martyrs de la grande cause définitoire, attrapent finalement leur coupe-papier pour se faire seppuku sur leur copie, inondant le bureau d’une marée de sang n.m « liquide rouge qui circule dans les artères, les veines et les capillaires sous l’impulsion du cœur… etc. » ?
En fait, pour l’instant il ne semble pas y avoir de méthode parfaite car le statut de la couleur est un point de contact entre sémantique, épistémologie et esthétique qui reste en chantier, comme tend à le prouver ce résumé d’un cours de J. Bouveresse glané ici (2003 – Collège de France), où l’on trouvera répertoriées différentes positions théoriques par rapport à la couleur : éliminativisme, physicalisme, dispositionnalisme et primitivisme.
Dans un autre genre, voilà aussi l’adresse d’un site qui répertorie tout le vocabulaire des teintes.
2 commentaires:
Toi qui t'intéresses à la couleur, tu as vu la dernière parution de la traduction du livre de John Gage, sur l'histoire des couleurs? Il y a récemment eu une conférence de l'auteur à l'INHA, avec Pastoureau et tout...
Je ne connais pas, j'essaierai de trouver ça.
Merci
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