mardi 26 février 2008

L'Homme qui marche

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Il ne s’agit pas ici de celui de Giacometti – ou de Rodin – mais du personnage-titre d’un manga de Jiro Taniguchi (1995 - cliquez sur les images pour voir les détails):













Etc., etc.


Quand il n’a rien à faire, le héros se promène, et il lui arrive des petits trucs.
Rien ne se passe de signifiant là-dedans, et pourtant on accroche, au moins pour un chapitre ou deux.


Peut-être parce que, derrière ces images de congé, de désoeuvrement et de liberté on sent le mangaka bourré de café qui charrette comme un malade, et qui place donc une certaine passion dans cette évocation. On imagine (à juste titre ou non) le public adulte original comme semblable au personnage principal du livre – un employé ou un cadre moyen – avec ce léger décalage que, dans leurs propres vies, ces lecteurs ne peuvent se permettre de faire l’ellipse d’interminables marathons professionnels entre ces moments de paix (j’ai une vision un peu stéréotypée des travailleurs japonais : je me les figure tous enchaînés au boulot, dans un rapport platonique au repos et à la détente…)


La promenade comme genre littéraire. Un projet de réconciliation avec le présent qui ne nous est pas totalement étranger, en Europe : Robert Walser en avait déjà tenté un similaire avec ses personnages de vagabonds pour qui le choix s’impose de lui-même entre un petit plaisir insignifiant et beaucoup de grosses emmerdes. Au train vont les choses en ce moment, ici aussi le salarié de base pourrait apprécier à sa juste valeur – celle de la privation – l’image d’un monde merveilleux où il pourrait oublier son boulot le dimanche… Au fond, le phénomène est peut-être un peu inquiétant.
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2 commentaires:

Anonyme a dit…

Je ne connais pas celui-là, intéressant!

Anonyme a dit…

Tu veux dire, l'auteur ou l'album?

Je n'ai pas tout de suite accroché à Taniguchi: au début, je trouvais ses dessins un peu froids et impersonnels, et puis petit à petit, j'ai reconnu l'élégance de son travail (que j'assimilais à de l'hyperréalisme décalqué avant de m'apercevoir que ce style tout en retenue est en fait chargé de références - dans l'estampe moderne Shin Hanga)